je te conseil Gozu de takashi miike un film vraiment complétement barré mais surtout très glauque et très malsain, une histoire de yakuza de ville fantôme ya pas mal de technique de montage empreinté aux films de Lynch.
Gozu, donc, sous-titré à raison "Miike Takashi Yakuza Horror Theater". Où Miike l’auteur réaffirme ses obsessions, sans pour autant perdre de sa folie et de sa liberté. Soit un film de yakuza grignoté de l’intérieur par du fantastique absurde et décomplexé. Ça commence sur les chapeaux de roue, avec un yakuza parano, persuadé de l’existence de dispositifs secrets anti-yakuzas. Le voici, explosant un inoffensif petit chien contre une vitre, s’ingéniant à liquider la conductrice d’une voiture prétendument tueuse de yakuza… Pour finir par mourir stupidement et par son seul fait. Premier événement. Deuxième événement, son corps, sur lequel veillait son frère, disparaît, comme par enchantement… Ainsi va l’étrange barque de Gozu, par amoncellement progressif de bizarreries drolatiques, de loin en loin. Où l'on retrouve la bonne patte du Miike d’Audition et d’Ichi, attentif à son univers, ainsi qu’à une véritable cohérence et pas seulement esthétique. En effet, si l’on quitte le relatif réalisme d’origine, propre aux films de yakuzas, pour progresser doucement vers la folie, jamais Miike ne s’éloigne de sa trame au point de la perdre de vue.
VISITOR G
Même dans ses égarements les plus extrêmes (hommages aux mangas hentaï underground, type shotacon et yaoi incestueux – déjà éprouvés dans sa filmo précédente: lolicon et guro dans Visitor Q, dickgirls dans Fudoh… –, bondage ou délires vagino-freudiens de réincarnation), Miike garde intacte l’attention, en convoquant tantôt le rêve et tantôt le fantasme, tantôt le cauchemar et tantôt la potacherie assumée. Paradoxalement, c’est au brouillon et moche Visitor Q que le mature et maîtrisé Gozu fait le plus penser. Un peu comme si le premier était une ébauche pour le second. Les thématiques de filiation (davantage développées dans l’inégal Fudoh – The New Generation) s’y retrouvent, en plus élaborées et intrigantes, les perversions sexuelles itou, et l’humour noir y est autrement plus digeste. Plus digeste, c’est d’ailleurs le mot d’ordre général de ce film certes imparfait, mais dont l’étrange musique onirique tend à le couvrir de cette même étoffe dont on fait les songes… Good trip.